Archives de Tag: vieillesse

« Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire » – Jonas Jonasson (2009)

Allan Karlsson, cent ans aujourd’hui, a décidé de se faire la malle de la maison de retraite. Il saute par la fenêtre et se dirige vers la gare. Là, un jeune homme un peu louche lui demande de garder sa valise le temps qu’il aille aux toilettes. 9782258086449Le bus qu’Allan veut prendre, un bus vers nulle part, arrive. Allan hésite, puis finalement, monte dans le bus avec la valise. Ce qui, vu son contenu (qu’il ignore encore), va changer tout le court de sa vie.

Humour suédois au menu pour ce best-seller! Un humour noir et décalé, franchement jouissif. Allan est un personnage auquel on s’attache vite (sans doute ce côté particulièrement nonchalant et « méthode Coué ») et on découvre, en parallèle de l’histoire de sa fugue, toute celle de sa vie. Hé oui, il a rencontré les plus célèbres de ce monde. Franco, Churchill, Staline, Mao…j’en passe. Le tout lors d’histoires abracadabrantes. C’est drôle, c’est différent, c’est gai à lire. On ne va pas vous apprendre ici le sens de la vie, mais ça vous fera un cours original de révision de l’histoire du vingtième siècle. Un aperçu en images? Le film a été adapté au cinéma et est sorti l’année passée, vous pouvez visionner la bande-annonce ci-dessous (et me donner votre avis au passage)

 

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« Journal d’un corps » – Daniel Pennac (2012)

Ceci est un journal. Pas un journal intime dans lequel on couche ses sentiments et ses espoirs, mais le journal d’un corps. Le narrateur commence à le rédiger très jeune, lui qui était alors un enfant chétif et fragile, pour « se construire un corps », le faire exister, en quelque sorte. Au fil des pages, et jusqu’à ses 87 ans, on suivra sa vie, mais au travers de son corps : il grandit, ses muscles se développent, il y aura les surprises de l’érection, celles de la maladie, les angoisses qui serrent la poitrine…que du concret, que du tangible. La vieillesse, aussi, se fait subtilement sa place, au travers des tâches sur les mains ou des faiblesses oculaires. Tout cela jusqu’au dernier souffle du narrateur. Journal-d-un-corps-de-Daniel-Pennac_visuel_article2

C’était un peu difficile d’entrer dans ce livre : quelle étrange idée de n’écrire que sur son corps. J’avais l’impression qu’il manquait une part essentielle de la vie du narrateur et qu’on enchainait les petites histoires, un patchwork sans profondeur. Puis, j’ai saisi. J’ai compris la part inaliénable de l’esprit dans le corps. Essayez de ne parler que de votre corps… c’est impossible. Au détour d’une phrase, vous parlerez de ce que vous ressentez, inévitablement. Les rencontres, les plaisirs, les maladies, les angoisses : tout ce qui s’ancre dans le corps passe à un moment ou l’autre par la tête. Cela peut sembler léger ou évident, mais c’est une petite révélation : au fond, on ne parle que très peu de notre corps pour ce qu’il est vraiment. Magnifié dans les magazines ou sur les podiums, le corps n’est plus qu’une enveloppe à challenger pour être toujours plus mince, plus beau, plus jeune. Pour suivre nos rythmes effrénés, pour être à la hauteur. Mais le corps, c’est soi. Une part de soi qui a ses défauts, ses faiblesses, une part à accepter. Y compris – surtout? – en vieillissant. Dans ce livre, les détails s’enchainent sur l’effet du temps sur le corps. L’esprit, lui, panique. Comment fait-on pour devenir tout simplement bienveillant avec son corps ? C’est sans doute là qu’il est le vrai challenge.

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« Juste avant » – Fanny Saintenoy (2011)

Fanny débarque dans la chambre d’hôpital de sa Granny, son arrière-grand-mère. Celle-ci respire encore mais est déjà loin. Presque partie. La jeune femme lui caresse les cheveux, sait que ce sera bientôt terminé. 9782081267725FSDans le tumulte de sa vie – divorce, enfants – elle se pause un moment, et parle à celle qui l’entend peut-être. Quant à Juliette – Granny – elle parle aussi, dans sa tête, elle se raconte sa vie, son enfance, la guerre, les épreuves. Deux monologues en alternance se tissent au fil des chapitres.

C’est un livre court, touchant et drôle. Un mot pour le résumer : délicat. Délicat dans les histoires, parfois tristes, souvent drôles. Délicat aussi dans le lien entre les deux femmes, un lien que l’on sent chargé des générations qui les séparent, et plein d’amour. Délicat dans le portrait, finalement, de cette vieille dame: son langage bien à elle, ses opinions, son caractère, sa manière de raconter sans drame ses pas vers la fin.

J’ai dû enlever mon alliance, ma montre, et puis mon dentier finalement. Ça m’a fait une drôle de tête d’être sans dents au début, encore un petit pas vers le rien.

 

C’est un magnifique hommage qui lui est rendu. Et pour nous lecteurs, c’est un petit récit qui fait du bien, tout simplement.

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