Archives Mensuelles: décembre 2011

« Les droits du désir » – André Brink (2000)

Ruben vit seul dans une grande maison en Afrique du Sud. L’histoire se passe juste après l’avènement au pouvoir de Nelson Mandela, la criminalité est importante, la corruption aussi. Ses enfants veulent émigrer, mais pas tant que leur père vit seul : ils le poussent à prendre un couple de locataires. Ruben reçoit finalement Tessa, une délicieuse trentenaire.

Ils ont de longues conversations, elles nourrissent un amour vrai, sans limite, sans tabous, si ce n’est…le sexe. Tessa se refuse à lui, il y a trop à gâcher. Pourtant, elle ramène ses amants sous le toit de Ruben. S’en suit tout le cheminement psychologique de Ruben, oscillant sans cesse entre jalousie atroce, désir infernal… et une certaine forme d’acceptation. Tessa est un peu l’enfant à qui il pardonne tout. André Brink nous emmène dans le labyrinthe du désir, il finira par nous en donner la clef.

« L’Hisbiscus pourpre » – Chimamanda Ngozi Aidchie (2004)

Une famille au Nigeria. Le père, rédacteur chef d’un journal, est ultra-catholique, voire extrémiste. Ses enfants vivent dans l’angoisse folle de faire un pas de travers, toute leur vie est réglée à la minute près. Le pouvoir tombe aux mains de l’armée et, menacé, le père envoie ses enfants vivres quelques temps chez leur tante, professeur d’université aux mœurs humanistes.

Les deux adolescents découvrent la tolérance, le partage, la liberté. Le retour à la maison est des plus difficiles : leur père les bat, leur brûle les pieds à l’eau bouillante, il bat la mère qui fait une fausse couche.  Poussés à l’extrême dans leurs retranchements, ils sont poussés à commettre l’irréparable…Un livre poignant sur un système familial dictatorial, les blessures qu’il cause et les profondes cicatrices qu’il laisse.

« Je viens d’ailleurs » – Chahdortt Djavann (2002)

Ce livre est un vrai plongeon dans l’Iran pré et post-révolution. L’auteure est iranienne, elle a appris le français très tard et écrit pourtant dans cette langue avec une facilité et un talent déconcertants. Les termes choisis, les expressions sont d’une finesse superbe.

« Nous plongeons le nez dans nos barbes à papa et à pleines dents mordons dans le vide sucré d’un plaisir toujours en fuite. Nous marchons. Nous n’avons pas peur de la vie et chacune de nous sait qu’elle a deux amies »

L’histoire, le pitch? Il n’y en a pas vraiment. Il s’agit plutôt de petits bons d’époque en époque, enfance, adolescence, retour au pays après des études à Paris. Le tout entrecoupé de réflexions sur la religion, sur la place de la femme dans la société iranienne, sur leur hypersexualisation, contraire et pourtant terriblement liée au port du voile. Un livre court et passionnant.