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« Emmaüs » – Alessandro Baricco (2009)

emmaus_bariccoQuatre jeunes hommes. Pieux, serviables, discrets, d’origine modeste, sans histoires… sans intérêt. Ils sont tous amoureux d’Andre. Elle, avec ce prénom si spécial, est à leur opposé. Elle est solaire et inaccessible. Brûlante. Ils ont tous envie de l’atteindre, là-haut quelque part… mais ce ne sera que pour tomber de plus haut, avec de multiples conséquences dévastatrices.

L’auteur dessine ici un tableau à la Bourdieu, avec deux classes sociales bien distinctes. Et chacune a même – petit plus! – ses « ressorts narratifs ». Être riche (comme Andre) c’est aussi faire partie de ceux qui déchainent les cœurs et les esprits, qui osent, qui lancent des tendances, qui meurent dans d’atroces conditions, qui aiment fort et qui souffrent tout autant. En opposition, dans la « caste » des quatre jeunes hommes, c’est le petit ronron monotone des misérables, admirant de loin mais se gaussant aussi, préférant sa confortable médiocrité à cette exposition lumineuse et dévastatrice. Mais c’est l’affaire de la mouche et de la lumière, évidemment : autant la famille médiocre regarde et désapprouve les riches, autant les jeunes sont attirés, fascinés, ils gouttent à l’interdit…puis ils se brûlent. Histoire cruelle mais joliment écrite : comme tous les livres d’Alessandro Baricco, il y a toujours cette musicalité très soignée des mots. Toutefois ce n’est pas mon titre préféré de cet auteur : cette histoire-ci, plus sombre, contraste avec la poésie lumineuse de ses autres récits.

  • A lire : pour approfondir l'univers de Baricco, qui ne se limite donc pas à Soie et Novocento
  • Le fond : 6/10
  • La forme : 7/10
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Et vous, vous lisiez quoi, quand vous étiez ado?

Ce matin, la 43ème Foire du Livre a ouvert ses portes à Bruxelles. Plus d’un millier de maisons d’éditions, et autant d’auteurs et illustrateurs seront présents jusque lundi sur le site de Tour & Taxis pour présenter leurs dernières publications. Un festival de pages, de voyages, de voix et d’expériences.

Pour l’occasion, nous en parlions ce matin dans l’émission Connexions sur la Première, avec cette question : Faire lire les ados, un défi impossible? Vous pouvez retrouver le podcast de l’émission ici : Connexions

Cela m’a donné envie de regarder un peu en arrière. Je fais sincèrement l’exercice, et ne parlerai ici que des livres lus adolescente, et dont je me souviens spontanément. Je pense que notre cher professeur, Mr Roland, un peu désuet mais toujours passionné, aimait beaucoup les classiques. Je me souviens de « L’Oeuvre au Noir », de Marguerite Yourcenar, cette impression diffuse de noirceur et de complexité, à l’époque. A vrai dire, l’histoire s’est effacée de ma mémoire, n’en reste aujourd’hui qu’un sentiment. du cote de chez swann« Du coté de chez Swann » aussi, première partie du colossal « A la recherche du temps perdu » de Proust. Au début, je détestais. Trop lourd, trop long, difficile à comprendre. Et puis, petit à petit, un monde qui se dessine, une ambiance particulière, la description de ce jardin qui m’avait plongée dedans avec un petit quelque chose de magique, je m’en souviens, et finalement, le plaisir de découvrir et apprécier ce livre à ma façon. Comme si les classiques avaient ce « je-ne-sais-quoi » de tellement impressionnant, de tellement reconnu déjà, qu’on avait peur de les aborder en restant soi, avec ses goûts et sa sensibilité. J’avais adoré « La Peste » de Camus. J’y avais décelé une brillante analyse : une métaphore de la guerre 40-45. J’en étais très fière, lorsque j’ai présenté l’idée à Mr Roland, avec pléthore d’arguments et de comparaisons. Avant de réaliser que cette analyse était celle de tout le monde et d’une évidence à crever les yeux. J’en ris encore. Autre souvenir : « La steppe infinie », d’Esther Hautzig. Un livre poignant sur la déportation d’une famille polonaise. Les images que je m’étais construite mentalement de ce paysage sibérien désertique ressurgissent dans ma tête instantanément.couv40632510.gif

Bon, voilà pour l’école. A côté de cela, j’ai dévoré dès douze ans tous les Chairs de Poule, et autre collections pour se faire gentiment peur. Des histoires d’amour aussi, olala, pour vivre par procuration ce dont je rêvais déjà! Toute la saga des Harry Potter, un peu plus tard. Quelques bouquins que mes parents lisaient. C’est ainsi que j’ai lu des livres de Nicole de Buron, les tribulations d’une femme de quarante ans, alors que j’en avais quinze. Je fonctionnais à l’opportunité, au hasard, je craquais sur des couvertures, je faisais le plein toutes les deux semaines à la bibliothèque, et on échangeait beaucoup avec mon amie Charlotte qui appréciait particulièrement les polars. On a aussi lu quasi tous les livres de Bernard Werber : Le père de nos pères, Les fourmis, bien sûr, L’arbre des possibles, etc. Bref, un menu éclectique. C’était un peu la boulimie de papier, avant un grand passage à vide quand j’étais à l’université. Je vous raconterai ça une autre fois.

Maintenant c’est à vous de réagir…je vous pose une question :  Et vous, quels livres avez-vu lus pendant votre adolescence? Qu’est-ce qui vous a marqué? Et pensez-vous qu’imposer des classiques aux ados peut les décourager de la lecture?

 

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