« Petit éloge des amoureux du silence » – Jean-Michel Delacomptée (2011)

Jean-Michel Delacomptée déteste le bruit. Celui au sens large, celui qui agresse, celui qui s’immisce, qui empêche de dormir ou de réfléchir, celui qui tue la sérénité. Exposition du problème, développement, conclusion, un petit pamphlet en 134 pages.

« Petit éloge des amoureux du silence »…le titre aurait dû être « Large critique des faiseurs de bruit ». En somme, Jean-Michel Delacomptée définit son objet (le silence) par son contraire (le bruit). Du coup, cette définition se fait par la négative…et c’est donc un petit bouquin bien tristounet que l’on tient entre ses mains, limite déprimant. Alors oui, l’écriture est très élégante, les termes, recherchés. Mais on se lasse, on se lasse vite de ces plaintes, surtout quand on s’attendait à lire un livre positif sur les plaisirs du calme et du silence. Bien sûr, il est utile et nécessaire de réaliser l’existence de la pollution sonore. C’est une réalité, mortelle pour certains (si!), et ce livre nous permet d’en prendre conscience, d’affiner aussi notre sens de l’écoute.

Les voleurs de silence, les termites du cerveau, les envahisseurs bardés de pétulance avec leur panoplie d’excrétions sonores. Ils sont interchangeables, omnipotents, les bruyants, ces soudards qui nous exproprient, qui nous exilent de nous-mêmes.

Mais Jean-Michel Delacomptée ne s’arrête pas là. Il assimile ensuite le bruit à la culture de masse, à la vulgarité, aux médias, aux études de marketing, d’économie, de communication, à la ville, aux voisins, etc., en opposition au « silence de l’étude », à l’étude des lettres, au calme nécessaire aux grands penseurs, etc. Une seule chose m’est venue à l’esprit : ce monsieur est hors du temps, planqué dans une tour d’ivoire. Rejetant en masse, assimilant le bruit qu’il exècre à tout ce qui l’irrite en général et qui le place –il faut le croire – bien au-dessus de tout et de tous. Qu’il s’y cache, dans sa bulle de silence. Il finira par s’y ennuyer.